Пусси Райот, Открытая Россия, Левый фронт… оппозиция вынуждена молчать / Pussy Riot, Open Russia, Front de gauche… Toute opposition réduite au silence

28 Nov

22 месяца трудового лагеря, обыск в офисе оппозиционного движения «Открытая Россия»… факты вновь свидетельствуют о тоталитарном режиме Владимира Путина.
В книге «Мятежные дни: участница группы Пусси Райот свидетельствует», вышедшей в свет пятого октября, Мария Алёхина рассказывает о своей жизни в заключении. Четвёртого октября она выступала на радио «Франс Интернационал». На следующий день, казалось бы независимо от этого, Следственный Комитет России выдаёт ордер на обыск в офисе политического движения «Открытая Россия», а так же в квартирах некоторых его участников. Эта организация, финансируемая Михаилом Ходоровским, оппозиционером, бывшим олигархом, а ныне эмигрантом, борется за свободу взглядов, права человека, а так же за возможность политического чередования в России.
В прессе об этом почти ничего не говорится и в то же время каждый день приносит новые факты нарушения прав человека и свободы прессы в России.

ГУЛАГ 21-го века

В своей книге, вышедшей в свет несколько дней назад, Мария Алёхина вспоминает о двадцати двух месяцах, проведённых в трудовом лагере. В 2012 году она была осуждена за участие, вместе с другими членами группы «Пусси Райот» в акции протеста в храме Христа Спасителя, выражая несогласие с политикой Владимира Путина. Она пишет, что женские тюрьмы являются красной зоной. Это значит, что они управляются самими заключёнными. Там царит армейская дисциплина и строгие порядки, заключённые должны отдавать салют ответственным лицам. Условия работы очень тяжёлые, приходится шить по 17 часов в день в ускоренном темпе. Холод, физические и моральные страдания, всяческие унижения странным образом напоминают об эпохе ГУЛАГа.

Ложный предлог для обыска

Взломанные двери, обыск офиса, конфискация личного имущества. Пятого октября десяток членов оппозиционного движения «Открытая Россия» снова стали жертвами излишнего рвения властей. Официальным мотивом названо обвинение лидера движения, бывшего управляющего нефтяной компанией «Юкос», Михаила Ходоровского в хищении денежных средств. До выезда за границу, он уже отсидел 10 лет в тюрьме.
На самом же деле речь идёт о новой атаке в адрес оппозиции.

Удержать население от манифестаций

Сергей Удальцов отбыл четыре с половиной года тюремного заключения за нарушение общественного порядка. Его преступление было в том, что он участвовал в 2012 году, вместе со своей партией Левого фронта, в манифестации против капиталистической направленности российского общества, за перераспределение собственности и за соблюдение прав и свобод человека, и в частности за свободу манифестаций. В интервью журналу «Русский репортёр» он высказывает мнение о том, что репрессии властей, особенно в отношении манифестантов, призваны убедить граждан в том, что если они не желают угодить за решётку, то лучше им оставаться дома и не участвовать в манифестациях.

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22 mois dans un camp de travail forcé résumé dans un livre, perquisition dans les locaux du mouvement d’opposition Open Russia, des faits qui témoignent une nouvelle fois du régime totalitaire de Vladimir Poutine.

Maria Alekhina, raconte son histoire et ses jours de détention sans un livre, Jours d’insurrection : une Pussy Riot témoigne, paru le 5 octobre. Elle était invité de France Inter mercredi 4 octobre. Aucune corrélation, mais le lendemain le Comité d’enquête de Russie envoyait des agents perquisitionner les locaux du mouvement politique Open Russia et les appartements de plusieurs de ses employés. Cette organisation financée par l’opposant en exil et ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, défend la liberté d’information, les droits de l’Homme ainsi que l’alternance politique en Russie.

On en parle peu, et en même temps chaque jour apporte son lot de violations des droits de l’Homme et de la presse en Russie.

Les goulags du 21e siècle

Dans son livre, paru il y a quelques jours Maria Alekhina revient sur ses 22 mois passés dans un camps de travail forcé. Elle avait été condamné en 2012 pour avoir investi la cathédrale du Christ-sauveur à Moscou, avec d’autres Pussy riot, pour protester contre le pouvoir de Vladimir Poutine.
Elle raconte que les prisons pour femmes sont dans des zones rouges, c’est à dire qu’elles sont gérées par les prisonniers. Les détenus doivent saluer les responsables, comme à l’armée. Le rythme de travail est harassant, 17 heures par jour à coudre. Froid, douleurs physiques, humiliations… rappellent étrangement l’époque des goulags.

Un faux prétexte pour perquisitionner

Des portes forcées, des objets personnels confisqués et locaux politiques fouillés. Une dizaine de membres du mouvement d’opposition, Open Russia, ont été victimes, une fois de plus, de l’acharnement du pouvoir en place, jeudi 5 octobre. Officiellement, les autorités accusent le leader du mouvement et ex-dirigeant de la société pétrolière Ikos, Mikhaïl Khodorkovski, de détournement de fond. Avant de partir en exil, il a passé 10 ans en prison.
En réalité, il s’agit d’une nouvelle attaque contre toutes formes d’opposition.

Dissuader de manifester

Sergeuï Oudaltsov a purgé quatre ans et demi de prison pour trouble à l’ordre public. Son crime : avoir manifesté, avec son parti Front de gauche, en 2012, contre le système capitaliste russe, pour la redistribution des richesses et le respect des droits et libertés des citoyens y compris celle de manifester. Dans une interview au journal Roussiki Reporter, il estime que les répressions du pouvoir, notamment lors des manifestations est un moyen d’inciter les citoyens russes à rester tranquillement chez eux, à ne pas manifester, aux risques de finir en prison.

Pierre Servent: « Nous sommes en guerre »

16 Nov
Attentats au Bataclan

Attentats au Bataclan

Ancien journaliste à la Croix et au  Monde, Pierre Servent est aujourd’hui consultant pour une quinzaine de médias. Malgré un emploi du temps chargé, il a accepté de me livrer son analyse des événements.


– Fallait-il s’attendre à avoir des attentats sur le sol français et notamment des attentats d’une telle ampleur?
Oui, j’ai écrit dans un livre en 2009 que la France était en guerre. Elle ne le savait pas, mais la nébuleuse djihado-terroriste nous a déclaré la guerre. Depuis plusieurs mois, notamment depuis les attentats de janvier, nous sommes quelques spécialistes à alerter dans les médias que nous serions frappés par des attentats majeurs. Evidemment ce qui s’est passé me bouleverse mais ne représente aucunement une surprise.

– Si selon vous, il y avait un risque, y-a-t-il eu une défaillance de la part des autorités ?

Ces derniers mois, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures notamment pour renforcer les moyens de renseignements. C’est très important de pouvoir écouter, repérer et identifier ceux qui vont passer à l’acte. Mais dans des sociétés démocratiques ouvertes et vivantes comme les nôtres, il est extrêmement difficile de parer ce genre d’attaques, montées à partir de la Belgique. Je ne parlerai pas de défaillance car nous sommes en guerre, une guerre particulière. Mais on ne peut pas assurer à 100% la sécurité des Français. Il va donc falloir s’habituer, se durcir et changer notre état d’esprit et notre mode de fonctionnement qui ne sont pas adaptés à l’état de guerre dans lequel nous sommes.

– Quand vous dites changer notre mode de fonctionnement, vous faites référence à notre manière de vivre ou à notre manière de penser?

Je pense aux deux. La manière de penser car nos sociétés ont complètement évacué l’idée de guerre. Nos soldats à l’extérieur y étaient confrontés mais nos sociétés, et pas que la France, ont complètement éjecté de nos pensées cette idée. La mobilisation ne doit pas concerner que les services de renseignements, les forces de l’ordre et l’armée. Tous les citoyens doivent se fédérer et s’engager. Sur le plan de nos pratiques et de nos habitudes, il faut qu’on change un certain nombre de choses, sans pour autant basculer dans les erreurs de nos amis américains après le 11 septembre. Il ne s’agit pas d’instaurer la torture, d’avoir des camps de détention arbitraires etc.

Je vais vous donner un exemple mais je pourrais vous en donner cent. Le juge antiterroriste Marc Trevidic a travaillé pendant dix ans contre les filières djihadistes. C’est aujourd’hui à mon sens, un des meilleurs connaisseurs des réseaux, des modes de fonctionnement, des modes opératoires des terroristes. Eh bien, ce juge aujourd’hui s’occupe d’affaires sociales. Pourquoi, parce qu’il y a des dispositions administratives qui font qu’au bout de dix ans dans un domaine, il a dû abandonner les dossiers qu’il connaît parfaitement pour aller s’occuper d’autres choses. C’est typique du fait que nous n’avons pas compris que nous sommes en guerre et lorsque nous le sommes, on ne demande pas à un « général » qui est extrêmement performant de s’occuper des pâquerettes.

En France, il faut toujours attendre une catastrophe pour réagir


– Selon vous, est ce que d’autres mesures pourraient être prises pour être plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme ?

L’état d’urgence est une bonne chose, sauf que nous aurions dû le décréter à froid il y a six mois. En France, il faut toujours attendre une catastrophe pour réagir. J’ai été très frappé ces derniers mois, par des réactions et des protestations, notamment lors de discussions sur la loi sur le renseignement, de la part d’associations, de groupes de magistrats, et même de la presse du genre de « on en fait trop » ou « le gouvernement exagère, il attente à nos libertés » etc. Il faut maintenant réaliser ce qu’il y a en face de nous. L’état d’urgence va nous permettre de recueillir plus de renseignements. Les effectifs ont été renforcés et ils vont sûrement continuer à le faire. Mais le problème c’est que les résultats ne sont pas immédiats. Ça ne suffit pas d’embaucher des policiers, des gendarmes etc. il faut qu’ils soient formés à la lutte antiterroristes. Nous avons en face de nous un adversaire qui est agile, mobile, qui a des recrues chez nous, et qui connaît nos modes de fonctionnement. Ce n’est donc pas un coup de baguette magique qui va résoudre le problème.

Mais pour avancer des propositions à court-terme et de plus long-terme car nous sommes engagés dans une guerre de trente ans, il faut arrêter complètement les suppressions d’effectifs de militaires. Le président de la République a ralenti ce processus mais il faut totalement l’arrêter. Il faut très rapidement mettre en place un mécanisme de garde nationale de façon à permettre aux militaires d’être employés dans les opérations extérieures. Le problème c’est que sa création nécessite trois à cinq ans. Or, ça fait dix ans que je demande la création d’une garde nationale.

Il faut renforcer les effectifs de gendarmerie, de police. Tous ces retards là nous desservent. Il faut que les citoyens se disent « est ce que je me suis opposé à la réduction des effectifs militaires, à la baisse systématique des budgets de la Défense ».

Un dernier exemple concret que l’on peut réaliser tout de suite. Aujourd’hui, un fonctionnaire de police, quand il n’est pas en service, n’a pas le droit de porter son arme. Si au Bataclan, par exemple, il y avait des fonctionnaires de police, amateurs de musique rock, ils n’étaient pas armés parce que nous sommes dans des procédures administratives de temps de paix. Il faut qu’ils puissent porter leur arme en permanence. Il faut que lorsqu’il y a des fonctionnaires de police qui prennent un train lors de leur vacances etc. ils le signalent aux contrôleurs et donc s’il se passe quelque chose dans le train ils peuvent agir. Je vais plus loin, les réservistes opérationnels sous contrat avec l’armée, entraînés au combat, sur la base du volontariat et avec un entraînement spécifique devraient avoir un port d’arme.

Il faut parvenir à mettre en place un dispositif qui puisse réagir contre des attaques de ce type. Car ces attaques se répèteront. Il n’ y a aucun système qui puisse permettre de les faire disparaître toutes. Nous avons eu depuis janvier, plusieurs tentatives d’attentats qui heureusement ont été déjouées. Mais il était évident que nous n’arriverions pas à les déjouer toutes et nous n’arriverons pas à les déjouer toutes dans l’avenir. C’est une mutation intellectuelle de toute la société française qui doit être opérée aujourd’hui avec fermeté et calme.
– Est ce qu’il y a, selon vous, une nécessité de changement de la politique étrangère de la France. Faut-il la durcir, notamment en ce qui concerne la lutte contre Daesh en Syrie et en Irak?

Il faut saluer le courage de la France qui depuis des années lutte contre le djihado-terrorisme, incarné par Al-Qaïda et par Daesh, qui est un rejeton d’Al-Qaïda. Il faut rappeler qu’Al Baghdadi était un des bras droits d’Al Zarkaoui, le chef jordanien d’Al-Qaïda en Irak. La France était en première ligne dans ce combat notamment au Sahel ou contre Boko Haram au Nigeria. Nous sommes également présents dans les airs et au sol en Irak et dans les airs en Syrie.

Il va y avoir une intensification de notre effort de guerre en Syrie et en Irak avec l’arrivée de notre porte-avion Charles de Gaulle qui va permettre certainement de tripler nos capacités de frappes aériennes. Par ailleurs la France est très active sur le pan diplomatique. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous avons fait et de ce que nous allons faire. Mais pour arriver à vaincre militairement Daesh, il faut parvenir à un accord politique global entre toutes les factions présentes en Syrie et en Irak. Malheureusement, ce processus là n’est pas encre engagé. De plus, l’intervention russe n’a fait qu’aggraver les choses aujourd’hui.
Livre à paraître le 7 janvier, « Extension du domaine de la guerre » aux éditions Robert Lafont. 

Le Costa Concordia aurait transporté de la cocaïne

2 Avr

Des conversations entre deux mafieux auraient révélé une cargaison suspecte à bord du paquebot D’après le quotidien La Repubblica, le Costa Concordia, échoué le 13 janvier 2012 au large de l’Italie, aurait eu à son bord une très grosse quantité de cocaïne. Des enquêteurs italiens auraient intercepté des conversations entre deux membres de la mafia calabraise ‘Ndrangheta. « Ce bateau qui a valu à l’Italie d’être la risée du monde » C’est en écoutant deux membres de la mafia calabraise, qui détient le quasi-monopole du trafic de cocaïne entre l’Europe et l’Amérique du Sud, que des enquêteurs de la police fiscale italienne (la Garde des Finances) auraient fait le rapprochement entre le tristement célèbre paquebot et une cargaison très importante de poudre blanche.  Michele Rossi et Massimo Tiralongo, deux caïds bien connus des services, se feraient appeler respectivement « Olivia » et « Giulia » au téléphone. Des extraits de ses conversations auraient été publiés dans le quotidien italien. Il serait question d’un chargement égaré : « Tu te souviens de quelle marque était la princesse ? » aurait déclaré « Olivia ». Le second réplique : « Sur ce bateau qui a valu à l’Italie d’être la risée du monde» et «qui nous a pris par les fondements ». Les enquêteurs en auraient conclu que le Costa Concordia servait de mule pour le réseau mafieux. Cependant, les sauveteurs et le personnel du chantier de Gênes, où a été remorqué le paquebot le 27 juillet 2014, n’ont trouvé aucune trace de drogue à bord. Croisières sur l’autoroute de la drogue La piste n’est néanmoins pas dénuée de sens puisqu’il semble que le marché des croisières soit devenu le nouvel El Dorado des passeurs de drogues. Costa Crociere, MSC et la Norwegian Cruise Line seraient, selon les policiers, les compagnies favorites de la Mafia. A l’insu des commandants de bords mais avec la complicité de membres d’équipage et de faux touristes, la drogue transiterait sur le vieux continent via ce luxueux moyen de transport. La drogue serait cachée avec les réserves de nourriture des bateaux. Le 27 octobre 2013, un container aurait été saisi sur le port de Gênes à bord du «Famosissima» de la MSC. Le couple « Olivia » et Giulia » fait allusion à cette prise : « la quantité perdue dans un conteneur saisi le 27 octobre 2013 au port de Gênes ». Ou encore, le 11 mars, cinq membres d’équipage du Norwegian Sun ont été interpellés au moment où ils embarquaient sept kilos de cocaïne à Tampa, en Floride.

Les enjeux des négociations sur le nucléaire iranien

2 Avr

Actualisez-vous

Un nouvel espoir dans l’aboutissement d’un accord entre les occidentaux et l’Iran

Les enjeux de la conférence de Lausanne laissent présager une refonte de la carte géopolitique au Moyen Orient

Les négociations à la conférence de Lausanne sur le nucléaire iranien n’ont pas abouties mardi 30 mars. Le but de cette conférence entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Russie), l’Allemagne et la République islamique d’Iran est une augmentation de la durée dans le temps de la construction de la bombe atomique iranienne en échange d’une réduction des sanctions internationales qui pèsent sur le pays après douze ans de négociations infructueuses. L’objectif pour l’Occident d’échelonner dans le temps la fabrication de la bombe nucléaire est de trouver une parade au cas où l’Iran déciderait de sortir de cet accord.

Des tractations en montagnes russes

Mais, les iraniens ont des demandes très précises…

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Les enjeux des négociations sur le nucléaire iranien

2 Avr

Un nouvel espoir dans l’aboutissement d’un accord entre les occidentaux et l’Iran

Les enjeux de la conférence de Lausanne laissent présager une refonte de la carte géopolitique au Moyen Orient

Les négociations à la conférence de Lausanne sur le nucléaire iranien n’ont pas abouties mardi 30 mars. Le but de cette conférence entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Russie), l’Allemagne et la République islamique d’Iran est une augmentation de la durée dans le temps de la construction de la bombe atomique iranienne en échange d’une réduction des sanctions internationales qui pèsent sur le pays après douze ans de négociations infructueuses. L’objectif pour l’Occident d’échelonner dans le temps la fabrication de la bombe nucléaire est de trouver une parade au cas où l’Iran déciderait de sortir de cet accord.

Des tractations en montagnes russes

Mais, les iraniens ont des demandes très précises en échange de cet étalement : ils veulent la levée rapide et immédiate de l’ensemble des sanctions qui pèsent sur leur pays, la levée des sanctions européennes, américaines et celles des Nations Unies. Les occidentaux, quant à eux, pencheraient pour une levée des sanctions plus progressive, étape par étape, en concordance avec les efforts iraniens sur le terrain pour rendre les activités nucléaires plus transparentes aux yeux de la communauté internationale, tout en respectant les termes d’un futur accord.

Il y a donc plusieurs points de discordes entre les différentes parties : la levée progressive des sanctions qui pose problème, les capacités nucléaires des centrifugeuses de dernières générations et la durée d’engagement de l’accord en cours. Il s’agit donc de savoir combien de temps la communauté internationale aura un droit de regard et posera des limites au programme nucléaire iranien. Plus la période définie par l’Occident sera longue plus se sera rassurant. Les Américains seraient prêts à concéder une période de dix ans, alors que la France verrait plutôt une durée de quinze ans.

L’Iran, un nouveau collaborateur 

Si les chances que cet accord aboutisse peuvent paraître minces, les négociateurs en présence discutent de bonne foi et mettent en avant les progrès accomplis depuis près d’un an et demi. La position des occidentaux a beaucoup évolué puisque l’idée d’enrichissement de l’uranium iranien a été acceptée. En revanche du côté iranien, on sent bien qu’il s’agit de prendre une décision stratégique pour le président Hassan Rohani  puisqu’il faut faire accepter aux durs du régime cet apaisement avec l’Occident.

D’un point de vue géopolitique, ce nouvel accord devrait aboutir à une refonte des relations entre l’Occident, et en particulier avec les Etats-Unis, et le Moyen Orient. L’administration Obama a bon espoir, même si cela reste dans le domaine de l’espérance, de voir l’Iran réintégrer la communauté internationale et devenir un partenaire essentiel dans la gestion des crises irakiennes, syriennes et surtout un collaborateur dans la lutte contre Daesh. Cependant, cet espoir de nouvelles relations n’est pas du goût de tout le monde puisque ces relations poseraient problèmes à d’autres partenaires de l’Occident à savoir l’Arabie Saoudite (sunnite alors que l’Iran est shiite) ou à Israël. Au sein même du Congrès américain, les Républicains, majoritaires, ne sont pas d’accord avec la politique iranienne du président. Par ailleurs, il ne faut pas n’ont plus attendre un changement de la part des durs du régime iranien qui sont loin d’être prêt à adopter une vision occidentale du monde et notamment une vision américaine sur le conflit syrien et sur le maintien ou non de Bachar-al-Assad au pouvoir en Syrie.

Le retour mercredi 1er avril du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, après un départ dans une ambiance chaotique après la fin de la deadline pour trouver un accord mardi 30 mars, semble être le signe d’un aboutissement favorable. « On est à quelques mètres de l’arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a affirmé le ministre français. D’autant, que Laurent Fabius passe pour être un intransigeant sur les questions évoquées plus haut.

Ukraine : le conflit n’en finit pas de faire des morts

28 Jan

Les sanctions économiques contre la Russie et le cessez-le-feu signé à Minsk n’ont pas empêché la reprise des combats ou la résolution du conflit

Le nombre de morts civils ou militaires en Ukraine vient de faire un bond, les ministres occidentaux s’insurgent, les russes crient au complot, mais rien ne bouge. Les combats ont repris depuis une semaine dans l’Est de l’Ukraine malgré un cessez-le-feu signé entre les différentes parties à Minsk en septembre. Les condamnations de la scène internationale fusent contre ce regain de violences et toujours une potentielle aide militaire russe aux rebelles.

Les combats ont repris

Le 22 janvier les rebelles prorusses ont lancé une offensive contre l’aéroport de Donetsk, s’emparant de ce bastion tenu par l’armée ukrainienne. «En raison des tirs venant de toutes les directions, il a été décidé la nuit dernière de quitter le nouveau terminal», a annoncé un porte-parole militaire ukrainien. Selon le ministère de la Défense ukrainienne, une partie des bâtiments et de l’enceinte de l’aéroport reste sous leur contrôle. Cette nouvelle attaque a fait six morts, six militaires. L’aéroport était le théâtre d’affrontements depuis mai. Les militaires ne sont pas seuls à être touchés. Dans la matinée du 22, un tir d’obus contre un trolleybus a fait treize morts, douze passagers et un automobiliste qui passait à proximité. Le quartier en question avait pourtant était épargné jusque-là. La veille, un autre tir avait fait un mort dans un autobus, près de l’aéroport.

Dix soldats ont trouvé la mort, ainsi que huit civils dans la région de Lougansk selon le gouverneur local, un pro-Kiev. Quarante et une personnes seraient mortes durant ces dernières vingt-quatre heures. Une nouvelle escalade des conflits a eu lieu dans la ville portière de Marioupol le weekend du 24 janvier. Cette nouvelle attaque a fait trente morts chez les civils et sept morts dans l’armée ukrainienne. Les observateurs de l’OSCE, présents ce jour-là ont conclu que les tirs de roquettes venaient de positions tenues par les rebelles prorusses. Cette nouvelle offensive a évidemment provoqué un tollé de critiques dans le camp des occidentaux.

La communauté internationale condamne mais ne réagit pas

François Hollande s’est entretenu dimanche 25 avec le président ukrainien, Petro Porochenko, et le président du Conseil européen Donald Tusk pour exprimer sa « très forte préoccupation face à la très forte dégradation sur le terrain en Ukraine, en particulier avec les derniers évènements dramatiques à Marioupol ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, ainsi que l’Otan et l’OSCE, ont violemment condamné ces récentes attaques visant des civils. Ce dernier s’est insurgé contre « la rupture unilatérale du cessez-le-feu opérée samedi par les dirigeants des séparatistes et en particulier leurs déclarations provocatrices revendiquant davantage de territoire, au mépris de leurs engagements pris dans le cadre des accords de Minsk ». En effet, ces récentes attaques donnent à penser que les rebelles tentent de créer un couloir entre leurs positions actuelles et la Crimée. En effet, la prise de l’aéroport de Donetsk et les bombardements de la ville portuaire va dans la continuité du plan des rebelles séparatistes, à savoir constituer un état indépendant à l’Est de l’Ukraine avec un aéroport et un port.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le vice-président Joe Biden ont tous deux accusés directement la Russie de ne pas respecter le cessez-le-feu et de continuer à soutenir les rebelles. D’autres pays comme l’Allemagne ou la Pologne semblent aller dans le même sens que le secrétaire du Conseil ukrainien en accusant Vladimir Poutine d’être directement lié à ces récentes agressions. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry a ajouté qu’il souhaitait voir la « fermeture de la frontière internationale avec l’Ukraine et le retrait de toutes ses armes et combattants et appui financier», «Sinon, la pression internationale et celle des Etats-Unis sur la Russie et sur ses intermédiaires ne va faire que s’amplifier ». La Lettonie, présidente de l’Union européenne, a demandé de nouvelles sanctions contre la Russie « pleinement responsable de l’attaque des séparatistes contre Marioupol ».

La secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires européennes, Victoria Nuland, s’est violemment insurgée contre le président russe. «L’Otan est une organisation de défense. Notre but est de dissuader les pays de toute agression, mais si cet objectif échoue, nous devons nous tenir prêts » a-t-elle déclaré, ajoutant que «  Nous devons installer des centres de commandement aux six frontières autour de l’Ukraine aussi rapidement que possible » l’Otan devrait être « le fer de lance qui va nous permettre de nous rendre rapidement sur les lieux de conflits ». Cette vision belliqueuse est loin de faire l’unanimité puisque les Etats-Unis et même l’Ukraine veulent s’en tenir aux accords de Minsk auquel cas, la communauté internationale n’envisage rien de plus que de plus lourdes sanctions économiques contre la Russie.

La Russie nie toute implication

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, indigné par les accusations de Kiev, a sommé ses homologues occidentaux de lui « présenter les preuves » de l’implication de Moscou dans les récentes violences commises dans l’Est de l’Ukraine. « Si vous portez des accusations avec autant d’aplomb, présentez des faits » a-t-il déclaré, accusant l’Ukraine de « chercher la confrontation » et les occidentaux  « d’isoler la Russie, asphyxier son économie et renverser » le chef du Kremlin. Ce dernier a d’ailleurs déclaré au sujet de l’armée ukrainienne « De fait, il ne s’agit pas d’une armée mais d’une Légion étrangère, dans le cas présent, une Légion étrangère de l’OTAN qui n’a pas pour but la défense des intérêts nationaux de l’Ukraine ».

La théorie du complot

Selon les défenseurs de la Russie cette reprise des violences en Ukraine ne proviendrait pas de Moscou mais de Kiev. Selon eux, la violation du cessez-le-feu ne servirait que les intérêts de l’Ukraine, à savoir ne pas adoucir les sanctions et les relations diplomatiques avec la Russie. Appuyant les déclarations de Lavrov sur l’inexistence de preuves que la Russie serait à l’origine des nouveaux bombardements venant de la zone des rebelles, les adeptes de la théorie du complot soutiennent que ces attaques desserviraient la Russie puisqu’elles ne feraient que retarder la levée des sanctions.

Selon l’Onu, plus de 5000 personnes auraient été tuées et plus de 10 000 blessés depuis le début de ce conflit qui n’est pas prêt de se terminer contenu des divisions européennes sur la arche à suivre et sur l’inutilité des sanctions économiques sur le Kremlin.

Hypocrisie, Espoir, Rassemblement

9 Jan

Il faut des morts pour que les populations se rassemblent

Hypocrisie. La France n’est pas le seul pays attaqué par des terroristes, la France n’est pas le seul pays à vivre dans la peur d’une nouvelle attaque. Il n’y a pas que nos journalistes qui sont assassinés : les journalistes américains James Foley le 19 août et Steven Sotloff le 2 septembre ont été décapités par l’Etat islamique. Plusieurs journalistes de Charlie Hebdo étaient sous protection policière. Dans un pays où l’on se dit choqué par ce qui c’est passé le 7 janvier, le plus choquant eut été que ces journalistes en France auraient dû pouvoir faire leur travail, faire valoir la liberté de penser, d’expression et la liberté de presse sans avoir peur pour leur vie. Les caricaturistes du journal n’étaient pas les premiers à subir les menaces d’extrémistes à cause de leurs dessins. Le dessinateur danois Kurt Westergaard, auteur des premières caricatures de Mahomet en 2005, a échappé de peu à un attentat le 1er janvier 2010. Nombres de journalistes russes ont payé de leur vie pour faire vivre la liberté de la presse : Anastassia Babourova 25 ans, Anna Politkovskaïa ou Igor Domnikov du journal Novaïa Gazeta ont été tués pour avoir osé faire face au pouvoir et faire valoir la liberté d’expression.

La guerre est partout

Il est parfaitement normal de réagir comme nous le faisons en ce moment face à cette attaque en notre sein. Mais il ne faut pas se voiler la face, ces horreurs se passent tous les jours autour de nous, dans des pays plus ou moins proches, dans des états plus ou moins démocratiques mais avec la même volonté de la part des populations de vivre libres sous les valeurs de la démocratie.

Il ne faut pas être égoïste en ne voyant que nos malheurs, que cette attaque. Il y a tellement de pays et de populations qui souffrent tous les jours depuis bien trop longtemps sous le joug d’extrémistes, de dictateurs. Nous voyons tous les jours dans la presse des attentats, des morts. Nous connaissons parfaitement les pays, les responsables de cette nouvelle guerre mondiale. La Syrie est sous les feux depuis le 15 mars 2011, confrontée à une guerre civile pour le droit à la démocratie. L’Afghanistan doit toujours se battre contre les talibans, le Sahel est sous l’emprise d’Aqmi, de Boko haram. Le Pakistan fait face à des attaques meurtrières de la part des talibans pakistanais (TTP); le 16 décembre, 132 enfants sont morts dans une école contrôlée par l’armée. Les ukrainiens sont en guerre contre la Russie pour préserver leur nouvelle démocratie si fragile. Pour nous, français ce qui est choquant c’est une attaques sur notre sol, la mort de journalistes en France, en plein Paris.

Rassemblement

Hypocrisie. Il y a des tentatives d’attentats qui sont déjoués tous les jours par les renseignements. Nous connaissons le danger terroristes, nous le voyons dans le monde, nous le voyons se rapprocher de nos frontières. Nous voyons dans les médias, des français partir au djihad dans des pays en guerre, s’attaquer à nos valeurs de tolérance, de libertés comme l’a fait Mohammed Merah. Les renseignements ont listés ces personnes dangereuses, ils les surveillent, nous le savons.

Des civils meurent tous les jours dans le monde à cause des terroristes. Mais il ne faut pas oublier que nos soldats tombent aussi pour défendre les valeurs de la République, pour les diffuser au-delà de nos frontières car tout homme a le droit de vivre libre. Ils donnent leur vie, ils font face aux horreurs de la guerre, à des attaques comme celle que nous avons vécu, pour essayer de nous protéger, pour nous éviter de vivre ce que nous avons vécu en ce 7 janvier 2015.

Nous ne nous y attendions pas, nous ne pensions pas être touché sur notre territoire, nous ne pensions pas que nos journalistes seraient la cible de l’obscurantisme des extrémistes religieux. Mais encore une fois, nous ne sommes pas le seul pays à subir ces attaques. Les Etats Unis ont vécu ce genre de drame le 15 avril 2013 lors des attentats de Boston, Londres en 2005 Madrid en 2004. Le Nigéria a vu 276 lycéennes, des enfants kidnappés par des extrémistes l’année dernière. La guerre du terrorisme couve depuis des décennies.

Cabu… vous ne serez pas morts en vain. Votre volonté de vous battre pour la liberté de la presse ne mourra pas avec vous.

Espoirs. Comme il y a soixante-dix ans face à l’envahisseur nazi, les français, les citoyens, savent se rassembler, pleurer pour faire vivre ce que nos aînés ont mis tant de temps, tant de sang à nous faire connaitre. la LIBERTE. Nous sommes TOUS Charlie.

L’armée paye le tribut du déficit public

15 Mai

De nouvelles coupes dans le budget de la Défense menace la puissance d’intervention de la France

 

Les chiffres annoncés dimanche 11 mai par le député Xavier Bertrand sur de nouvelles coupes dans le budget de la Défense ont eu le mérite de secouer la sphère politique et militaire. Selon des sources militaires, proches de l’ancien Ministre du Travail, le gouvernement aurait l’intention de réduire le budget de l’armée de 1.8 à 2 milliard d’euros par an sur trois ou quatre années. Le Ministre des Finances, Michel Sapin est tout de suite monté au crénau pour démentir les chiffres avancés sans nier que l’armée allait devoir faire de nouveaux efforts. « La France doit faire un effort en terme de maîtrise de ses dépenses publiques, tous les militaires feront un effort mais le ministère de la Défense est un ministère qui doit être à la hauteur des enjeux de la sécurité de la France » a t-il rétorqué dans l’hémicycle.

La France menacée dans sa capacité d’intervention?

Ces annonces contredisent les déclarations du chefs des armées, François Hollande, qui avait promis de sanctuariser le budget de la Défense en 2014. L’armée a déjà consenti à beaucoup de sacrifice : 34 000 postes vont être supprimés d’ici 2019 sur les 280 000 que compte l’armée. Le budget annuel alloué aux forces armées est de 31.4 milliard d’euros. Il s’agit certes d’un budget conséquent mais il comporte des failles et une diminution ferait craindre des conséquences sur la puissance de frappes, l’industrie française et beaucoup d’autres domaines. Les militaires craignent de devoir sacrifier des programmes de modernisation ou de reporter l’achat d’avions ravitailleurs. 1600 soldats français sont actuellement en poste au Mali, plus de 2000 en Centrafrique et un millier au Tchad. Depuis 1995, l’armée a subit de nombreuses coupes budgétaires, les experts craignent que la France ne puisse plus faire d’interventions seule comme ce fut le cas au Mali en janvier 2013. Le paradoxe de ces coupes budgétaires est l’augmentation des menaces terroristes et géopolitiques. Pierre Servent, journaliste spécialisé des les questions militaires a déclaré à ce sujet: « Ceux qui disent que le budget de la Défense est un gros budget, qu’on peut taper dedans, c’est ceux qui pleuront demain en demandant pourquoi on ne peut pas intervenir à la fois au Mali, à la fois au Centrafrique… ».

SA330 Puma ALAT

Hélicoptère de manoeuvre SA330 Puma de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT)
(Photo André BOUR)
Du matériel obsolète, des effectifs rongés

Les véhicules de transport de troupes engagés en Centrafrique sont à bout de souffle, certains ont plus de trente ans d’âge, et de nombreuses pannes sont à déplorer. Or, tout le materiel militaire coûte cher à entretenir ou à racheter. Les nouvelles technologies engagées dans nos armées, nécessaires pour maintenir la France à son rang sur la scène internationale, est clairement menacé par ces coupes perpétuelles.  L’ALAT (Aviation Légères de l’Armée de terre) c’est-à-dire les hélicoptères sont particulièrement touchés par ce manque de moyens. Les Pumas et les Gazelles dépassent la quarantaine d’années. Sur un hélicoptère en vol, un est à terre faute de moyens financiers pour le réparer. Or ce sont des engins indispensables pour les opérations extérieures (OPEX). L’armée de Terre est la première victime car il n’est évidemment pas question de toucher à la dissuasion nucléaire, même si l’on envisage de supprimer la capacité nucléaire des avions embarqués sur le seul porte-avion français, le Charles de Gaulle. Où se feront les coupes budgétaires? Une nouvelle diminution des effectifs est envisageable. Plusieurs casernes vont être fermées. Or tout comme l’achat de materiels, l’innovation et la vie militaire fait vivre l’industrie et nourrit donc l’emploi. Des villes entières vivent autour de ces casernes. Les industries de l’armement sont très inquiètes. En effet, plusieurs projets doivent débuter cette année : le programme Scorpion de modernisation de l’armée de Terre ou encore le projet d’acquisition de drônes de surveillance.

Les chiffres avancés par Xavier Bertrand, relayés par la presse, ne sont pas forcément une réalité. Il s’agit avant tout de propositions à l’étude par Bercy pour trouver les 50 milliards d’euros d’économie promis par le gouvernement. La Loi de Programmation Militaire (LPM) qui établit le budget de la Défense pour les années à venir à été votée en décembre 2013. Il paraît donc difficile de revenir dessus. Il est cependant plus facile de solliciter les militaires respectueux par tradition de l’autorité et contraint au silence par leur statut que d’autres fonctionnaires. Les réponses floues du Ministre des Finances ou de Manuel Valls sur le sujet ou l’absence de réaction du président de la République n’augurent rien de bon.

Ukraine: lenteur et inaction de l’UE

28 Fév

La révolte ukrainienne a illustré l’incapacité de l’Union Européenne à être unie autour d’une politique et à sortir de sa paralysie bureaucratique afin de régler un conflit frontalier meurtrier. En menant « une politique d’ouverture » vis-à-vis d

e Kiev, l’Europe « a fait ce qu’elle avait à faire pour répondre à l’aspiration d’une grande partie du peuple ukrainien à se rapprocher d’elle » justifie Alain Juppé, ancien ministre des Affaires Étrangères devant les accusations de lenteur de l’Union Européenne. Ses détracteurs ne partagent pas cet avis. Rachida Dati a déclaré à la télévision que les responsables ont « failli dans la diplomatie européenne ». Quand on est président de la Commission européenne « on ne fait pas que déplorer, on agit ». L’Ukraine semble être devenue un catalyseur de la difficulté de l’Union Européenne à régler les conflits aux frontières. L’Europe a attendu près d’une soixantaine de morts pour réagir. La révolte des Ukrainiens n’est pas la première crise que l’Europe a eu du mal à régler.

 

A Kiev (Ukraine), des manifestants pro-européens réclament la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne. (SERGEI SUPINSKY / AFP)

A Kiev (Ukraine), des manifestants pro-européens réclament la signature d’un accord d’association avec l’Union européenne. (SERGEI SUPINSKY / AFP)

Origines du conflit

La crise ukrainienne a débuté fin novembre, suite au refus du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de signer un accord d’association avec l’Union Européenne. Des pro-européens ont commencé par manifester pacifiquement pour la démission du gouvernement corrompu. L’Union Européenne représentait une alternative pour se protéger du pouvoir, de ses lois liberticides et de l’influence de la Russie. Cependant, à Kiev, sur la place de l’indépendance, les manifestations se sont durcies. Le président a fait appel aux Berkouts, les redoutables troupes antiémeutes, pour maîtriser les opposants. Fin janvier, des images d’opposants kidnappés et torturés ont choqué l’opinion publique. Le mardi 18 février la situation dégénère, vingt-six morts sont à déplorer. Le 20 février, les tirs à balles réelles des troupes gouvernementales ont fait une soixantaine de morts. L’Ouest de l’Ukraine s’enflamme à son tour, des policiers doivent se rendre aux émeutiers, usés par la corruption qui sévit dans le pays et la connivence entre le président et Vladimir Poutine.

« L’Europe s’est réveillée trop tard »

Il a fallu un peu plus de deux mois pour que l’Union Européenne porte secours aux Ukrainiens. « Avec des scènes de guerre aux frontières de l’Union Européenne, la donne a changé, nous ne sommes plus dans un jeu diplomatique classique » a déclaré le Quai d’Orsay en février. Or le problème est là, l’Europe a attendu qu’une guerre civile éclate pour se réveiller. Aucun responsable européen n’est monté au créneau quand la situation en Ukraine a commencé à dégénérer. Il a fallu attendre la réaction de plusieurs chefs d’État pour que la machine bureaucratique européenne se mette en marche. La Haute Représentante Catherine Ashton a passé le plus clair de son temps à tenter de coordonner les positions divergentes des pays européens sur les sanctions à adopter pour faire plier Viktor Ianoukovitch. Par ailleurs, Catherine Ashton a embrouillé un peu plus la situation en proposant une aide financière alors que le pays est profondément corrompu. Quand le sang a coulé sur la place Maïdan à Kiev, l’Union Européenne a continué à tergiverser alors que le processus de sanctions contre les dirigeants internationaux prend généralement beaucoup de temps. Certains pays comme la Bulgarie, Chypre ou la Grèce,  traditionnellement plus proches de la Russie, se sont montrés plus réticents à sanctionner un allié de Poutine. Or les sanctions se décident à l’unanimité. La complexité bureaucratique a une fois de plus freiné une action réelle et imminente. Avec les nouveaux médias, la crise ukrainienne a évolué sous les yeux des populations européennes. Parallèlement, l’Union Européenne semblait sclérosée. Les organes, créés il y a plusieurs décennies, semblent ne pas suivre le rythme. Les sanctions sont lentes à se mettre en place et sans actions réelles sur les populations en pleine guerre. La voix du Parlement, organe démocratique, élu par le peuple, a été inaudible pendant la crise ukrainienne. A l’aube des élections européennes, boudées par les populations, l’Ukraine n’a rien arrangé. Cette guerre civile, aux portes de l’Europe, a prouvé une fois de plus que les Vingt-huit ne sont pas unis et incapables d’agir de concert pour résoudre rapidement les conflits frontaliers. « L’Europe s’est réveillée trop tard » a déclaré Bruno LeMaire. Il a fallu attendre la mi-février pour qu’un Triangle de Weimar, les ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius, allemand Franck Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikonski se rendent sur place pour tenter de mettre fin au bain de sang.

Rwanda, Kosovo

Non content de ne pas avoir anticipé le refus du président ukrainien à signer l’accord d’association, l’Union n’a pas su rebondir ou accompagner le ras-le-bol de la population ukrainienne en développant une stratégie envers son voisin russe. Les négociations ont été laborieuses pour ne pas effleurer la susceptibilité russe. En effet, il n’y a eu aucune discussion sur le statut de la Russie depuis la fin de la Guerre Froide, adversaire ou partenaire. L’Union Européenne ne sait pas comment réagir face à ce pays. Vladimir Poutine en a profité pour agiter ce spectre de la Guerre Froide. Il a su jouer sur son potentiel de nuisance contre les Occidentaux en risquant de compliquer les choses sur d’autres dossiers comme la Syrie ou le nucléaire iranien. Faute de position européenne claire, Poutine a les mains libres pour mener à bien ses intérêts, ici garder l’Ukraine dans son giron. Si l’Union Européenne avait une stratégie définie, elle aurait été plus à même de gérer la crise en Ukraine. Si les Vingt-huit s’unissent (comme ça a été le cas au moment de la guerre en Géorgie en 2008) la Russie s’incline. Le Traité de Lisbonne n’a fait que compliquer les choses en accentuant la lourdeur de la bureaucratie. Il y a désormais quatre présidents de l’Union : le président du Conseil européen, le président de la Commission, le président du Parlement et le président du pays qui est à la tête de la présidence tournante. Pas d’unité, pas de leader pour définir une politique étrangère européenne. La crise ukrainienne n’est pas la première faute de l’Europe. Au Rwanda en 1993, au Kosovo en 1999, le vieux continent a attendu des massacres avant d’intervenir et n’est pas parvenu à se mettre d’accord sur la manière de procéder pour venir en aide aux populations. Au Kosovo par exemple, l’Union a dû faire appel à l’OTAN et aux États-Unis. Les dissensions des pays européens ne permettent pas de parler d’une seule voix malgré une Politique Étrangère de Sécurité Commune (1992).

Italie : Berlusconi provoque sciemment une crise politique

1 Oct

Le Cavaliere ordonne la démission de cinq ministres du PDL pour sauver sa peau

Dimanche 29 septembre, Silvio Berlusconi a ordonné à cinq ministres de son parti Forza Italia (anciennement Parti de la liberté ou PDL) de démissionner du gouvernement d’Enrico Letta provoquant une nouvelle crise politique en Italie. Un geste désespéré du Cavaliere en proie à plusieurs condamnations  dont une destitution de son poste de sénateur qui signifierait une levée de son immunité politique.

English: Silvio Berlusconi in a meeting with J...

English: Silvio Berlusconi in a meeting with José Luis Rodríguez Zapatero. Español: Silvio Berlusconi en un encuentro con José Luis Rodríguez Zapatero. Italiano: Silvio Berlusconi in un incontro con José Luis Rodríguez Zapatero. (Photo credit: Wikipedia)

Le président du Conseil italien a choisi de coincer Silvio Berlusconi à son propre jeu et de se battre contre cette nouvelle attaque des « faucons », les conseillers du milliardaire constituant l’aile dure de la droite. Enrico Letta proposera mercredi 2 septembre un vote de confiance au Sénat, la Chambre des représentants lui étant déjà acquise. Il veut jouer sur les divisions au sein du PDL et compter sur la droite modérée, fatiguée de subir les frasques du Cavaliere. Il a déclaré : « Je ne demanderai pas la confiance pour trois jours et pour recommencer comme avant, mais pour aller de l’avant et appliquer un programme ».

Plus seul que jamais

En essayant de déstabiliser la majorité qui doit le destituer, Berlusconi a provoqué une nouvelle crise en Italie et au sein même de son parti. Le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano, qui doit sa carrière au milliardaire (garde des Sceaux, secrétaire du parti en 2011, vice-président du Conseil) appelle à « stopper les extrémistes qui entrainent le parti dans une aventure dangereuse ». Les quatre autres ministres démissionnaires s’accordent sur la mauvaise gestion du parti. La presse italienne n’a pas non plus été tendre avec le Cavaliere. Le Corriere della Sera appelait « Modérés, réveillez-vous ». Le quotidien d’affaires Il Sole 24 One dénonçait la fin du règne de Berlusconi « placé sous le signe d’un conflit d’intérêts permanent ».

Le « coup d’état »

L’aile modérée de la droite, les « colombes » ne veulent pas forcément tourner le dos à l’ancien président du Conseil mais ils déplorent les conseils désastreux de l’entourage de Berlusconi, dont son avocat, prêt à tout pour le garder dans la course politique quitte à plomber le parti et toute l’Italie. Ses conseillers sont loin d’être les seuls à manier l’art de la manipulation. Silvio Berlusconi a justifié cette crise par l’augmentation d’un point de la TVA prétextant une « nouvelle brimade infligée par la gauche  aux Italiens ». Une énième tentative désespérée d’éviter de finir avec les menottes et de voir plonger ses entreprises, dont les actions sont en chute libre après ce « coup d’état ». Quoi qu’il advienne, une fois destitué, le Cavaliere devra choisir entre être assigné à résidence ou faire des travaux d’intérêts généraux car le président de la République, Giorgio Napolitano, et Enrico Letta ne veulent à aucun prix dissoudre le Parlement et provoquer des élections anticipées.

Enrico Letta

Enrico Letta (Photo credit: Wikipedia)

Silvio Berlusconi a su une fois de plus faire passer son intérêt avant celui des italiens. En effet, cette situation politique est d’autant plus grave que l’instabilité se traduit par des sanctions économiques : l’écart entre les bons au Trésor italiens et ceux du Trésor allemands augmente, desservant ainsi la dette italienne qui atteint à ce jour 127% du PIB italien.